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    Porte-greffes du poirier

    Le poirier se greffe assez facilement et plusieurs types de greffes sont possibles, vous laissant libre choix selon vos habitudes et compétences. Le choix du porte-greffe est plus épineux, d’autant plus que le poirier est ici moins simple, ne tolérant réellement que peu d’essences. Il faut donc bien comparer ces divers supports afin d’obtenir les meilleurs résultats de développement, de résistance, sans oublier bien sûr la qualité et la quantité des fruits.

    Choisir un porte-greffe

    Le porte-greffe est une partie déterminante de l’arbre fruitier car ses caractéristiques se mêlent à celles du greffon afin de le renforcer et de compenser ses faiblesses. Ainsi, le porte-greffe d’un fruitier comme le poirier va lui permettre de s’installer dans un sol plus sec ou calcaire, il va lui donner une résistance contre les maladies les plus susceptibles de se produire dans son environnement, il va également lui apporter plus ou moins de vigueur, selon que vous souhaitez un arbre en espalier ou en plein vent. Le porte-greffe joue également un rôle non négligeable dans la productivité du fruitier, dans la taille du fruit, sa texture et même ses qualités organoleptiques. Pour associer porte-greffe et greffon, il faut toujours écouter le dicton “on greffe pépins sur pépins ou noyaux sur noyaux” ! Mais outre cette caractéristique pépins/noyaux, c’est la famille du greffon et du porte-greffe qui doit être compatible. Par exemple, on ne greffe pas le poirier sur le prunier, la greffe du pommier sur le poirier ne se fait pas non plus.
    Les porte-greffes les plus utilisés restent cependant le cognassier et les francs de poiriers, ainsi que des poiriers sélectionnés pour être des porte-greffes (on distingue les francs des autres PG de même espèce car les premiers sont issus de semis alors que les autres sont les fruits d’une multiplication végétale).

    Le cognassier

    Les cognassiers porte-greffes pour poirier sont nombreux car, étant très souvent choisis pour ce fruitier. Le cognassier est intéressant car il est assez nanifiant tout en offrant une mise à fruit rapide et de meilleures qualités gustatives et aromatiques. De vigueur moyenne, il portera des poiriers palissés, voire demi-tige pour les plus vigoureux. Le cognassier comme porte-greffe pour le ‘William’s’ et quelques autres variétés pose par contre des problèmes d’incompatibilité. Cela oblige à placer un intermédiaire compatible à la fois avec ‘William’s’ et avec la variété à greffer. L’intermédiaire le plus couramment utilisé est ‘Doyenné du Comice’. Il se plaît généralement en sol frais, pas trop drainant, fertiles.

    • Le cognassier A : issu du cognassier d’Angers, il a une vigueur assez faible qui autorise toutes les petites formes palissées et sa mise à fruit est très rapide, avec une bonne influence sur la taille des fruits et leurs qualités organoleptiques. Cette variante améliore l’incompatibilité avec ‘William’s’. Il se plaira dans des terres limoneuses non calcaires et il est peu rustique. Il est sensible à la sécheresse, à l’asphyxie des racines, au feu bactérien.
    • Le cognassier C : grâce à sa faible vigueur, vous pourrez cultiver des poiriers en pot. Sa mise à fruit est très rapide et il est assez rustique. Sensible au feu bactérien.
    • Le porte greffe cognassier Ba 29 : c’est un des meilleurs porte-greffe pour poirier en terme de rendement. Il est de vigueur moyenne, tolère les terrains secs même s’ils sont calcaires et résiste aux viroses. Sa mise à fruit est rapide.
    • Le cognassier de Provence : aime les terrains secs voire légèrement calcaires, peu rustique. Il donne une bonne productivité et sa mise à fruit est rapide. Il est sensible au feu bactérien.
    • Le cognassier porte-greffe Adam’s : donne une floraison régulière, une grande vigueur et une bonne cicatrisation.

    Les francs

    Les francs de poiriers, porte-greffes obtenus par semis, apportent une grande vigueur et robustesse à l’arbre fruitier. Ils sont de plus bien résistants aux viroses. Ces PG seront parfaits pour des poiriers de plein vent, demi-tige ou fuseau.

    • Le franc de poirier ‘Pyrus communis’ comme porte-greffe : le franc de poirier commun apprécie les terrains profonds, fertiles et sans excès de calcaire, plutôt secs que trop humides. Très vigoureux, il offre au fruitier une très longue longévité et une bonne productivité, par contre sa mise à fruit est lente, environ 7 ou 8 ans. Il est peu sensible au pourridié mais résiste mal au chancre de l’écorce et il peut être victime du puceron des racines.
    • Le franc de poirier ‘Kirchensaller-mostbirne’ est très utilisé comme porte-greffe. Il est en effet très rustique et compatible avec toutes les variétés de cet arbre fruitier. Contrairement au franc de poirier commun, il est facile d’obtenir de nombreux sujets porte-greffes par semis et il tolère bien les sols calcaires.
    • OHF : de moyenne à forte vigueur, il vous permettra d’obtenir aussi bien des poiriers de plein vent que des demi-tiges ou des fuseaux. Rustique, il supporte bien les sols calcaires. De mise à fruit très rapide, il ne montre aucune incompatibilité et il donne une bonne productivité. Il est peu sensible au feu bactérien.

    Les poiriers

    • Le Pyriam ou OH 11 : de vigueur moyenne ce porte-greffe est adapté aux poiriers en espalier et autres formes palissées. Il tolère bien les sols calcaires. Sa mise à fruit est rapide mais il donne des fruits un peu plus petits que Ba 29. Peu sensible au feu bactérien. Bonne compatibilité et productivité importante.
    • Le porte greffe de Farold 87 : obtention in vitro de vigueur moyenne à forte est une bonne alternative au cognassier. Bonne compatibilité, mise à fruit rapide et bonnes résistances aux maladies : feu bactérien, chlorose.
    • Le porte greffe Pyrodwarft : Obtention in vitro de vigueur moyenne plus résistant au froid que les cognassiers. Bonne affinité avec les variétés, donne des fruits moins gros qu’avec le cognassier. Tendance au drageonnement.

    Des porte-greffes “naturels”

    Plusieurs essences sauvages peuvent être utilisées comme porte-greffe pour le poirier comme l’aubépine ou le néflier, faciles à trouver dans la nature et donc gratuites. Le poirier sauvage est aussi un porte-greffe courant pour les poiriers. L’utilisation d’intermédiaires peut compenser des résultats parfois moyennement satisfaisants mais les intermédiaires sont également nécessaires avec nombre de porte-greffes courants.

    La greffe sur l’aubépine

    L’aubépine blanche permet de cultiver des poiriers sur terrain très calcaire. L’aubépine a un fort effet nanifiant sur le poirier, elle a d’ailleurs été utilisée pour des poiriers en pot ou palissés, par contre c’est un porte-greffe particulièrement robuste. La pousse du poirier y est cependant hétérogène, un intermédiaire peut être utile pour un développement plus harmonieux et équilibré. La reprise peut aussi être un peu capricieuse et la productivité du fruitier de durée relativement courte. La mise à fruit est assez lente. Préférez un porte-greffe de petit diamètre, pas plus d’1 cm. Une méthode qui réussit bien est le greffage à œil dormant sur une aubépine également en dormance. Des variétés de poirier qui prennent bien sur l’aubépine : ‘Delbard gourmande’, ‘Doyenne de Comice’, ‘Beurré le brun’. Par contre ‘Conférence’ et ‘Comtesse de Paris’, de même que ’William’s’ semblent être incompatibles avec l’aubépine, même si cela ne se manifeste pas tout de suite. Si l’arbre prend, le porte-greffe va rester plus petit (au niveau du tronc) que le greffon et la ramification de l’arbre est faible. Pour résoudre ce problème, il est nécessaire de greffer un intermédiaire, par exemple ‘Curé’ avec ‘William’s’. Attention par contre à la sensibilité au feu bactérien de ce porte-greffe.

    Autres essences

    • La greffe sur le poirier de Chine : bien que peu utilisé en France à cet usage, Pyrus calleryana sert ailleurs de porte-greffe pour les poiriers communs (et le nashi). Il faut cependant faire attention au cultivar sélectionné afin que celui-ci soit résistant au feu bactérien.
    • La greffe sur le néflier du Japon : le néflier du Japon, Eriobotrya japonica, est un porte-greffe idéal pour un sujet de vigueur moyenne, avec lequel vous pourrez palisser vos fruitiers. Vous l’utiliserez en climat chaud mais il est suffisamment rustique. Sa mise à fruit est assez lente.
    • La greffe sur le sorbier : porte-greffe peu utilisé chez les professionnels. Il tolère très bien les sols sablonneux et la faiblesse du porte-greffe (tronc plus petit que celui du greffon) peut être renforcée par la conservation de 2 ou 3 rameaux du PG durant les 2 ou 3 premières années.
    • La greffe sur le cormier : comme avec l’aubépine, le cormier peut être utilisé comme porte-greffe mais il donne un arbre fruitier de faible longévité. Il sera adapté à des poiriers de plein vent et semble apporter une productivité importante. Il tolère les sols les plus pauvres et résiste très bien à la sécheresse et à la chaleur.

    Tableau récapitulatif

    Conclusion :  Le poirier est assez exigeant en termes de sol, l’utilisation d’un porte-greffe est de ce fait très utile. Le porte-greffe va également permettre de récolter les poires plus facilement en réduisant quelque peu la taille de cet arbre plutôt grand à l’état sauvage et, bien choisi, il augmentera la résistance du poirier au feu bactérien, maladie fatale et courante chez les poiriers.