L’anthonome
Introduction
La maladie de l’anthonome du pommier est due aux dégâts provoqués par des charançons, larves d’un petit coléoptère (Anthonomus pomorum). Elle peut, selon le degré d’infestation, soit être anodine (voire bénéfique car entraînant un éclaircissage naturel du nombre de fruits), soit provoquer une perte totale de récolte. Ce parasite est plus ou moins fréquent selon les régions, on peut le trouver dans les vergers de pommiers ou même sur un seul arbre isolé.
Description
Ce petit coléoptère brun foncé, avec un point blanc au départ de ses élytres et dessin en V plus clair sur celles-ci, mesure environ 5 mm de long. Son corps est couvert d’une discrète pubescence grise. Sa tête porte 2 antennes coudées et se prolonge par un long rostre. Il demeure rigoureusement immobile en présence d’un danger. Les œufs pondus par les femelles sont ovales et de 0,7 mm de long environ. Les larves (charançons) qui en sortent n’ont pas de pattes, sont translucides-blanc avec une tête noire et mesurent jusqu’à 8 mm en fin de croissance. Leurs nymphes, jaune clair, font 5 mm de long environ.
Cycle biologique: Il y a une génération d’anthonome du pommier par an. Ces coléoptères adultes peuvent hiverner dans des abris divers : dans des anfractuosités des branches et du tronc ou sous leur écorce. Ils ne sortent de cet hivernage de façon échelonnée que lorsque les températures extérieures atteignent ou dépassent 9 °C pendant plusieurs jours de suite soit, selon les régions, les micro-climats et les années, à partir de mi-février ou au plus tard début avril. Ils se nourrissent alors de sève prélevée à travers les bourgeons. Les accouplements ont lieu après une dizaine de jours de reprise d’activité. Les femelles pondent leurs œufs dans des bourgeons floraux comme dans ceux à feuilles, à raison d’un seul par bourgeon (environ 25 au total durant 5 semaines). Ces œufs éclosent entre 5 et 12 jours après leur ponte selon les températures. Les larves qui en sont issues se nourrissent des organes reproducteurs des fleurs et des bases des pétales pendant 3 semaines. Puis elles se transforment en nymphes sur place. Au bout d’une dizaine de jours, ces nymphes donnent naissance à des adultes qui sortent des fleurs attaquées par un petit trou circulaire, entre mai et juin. Ces nouveaux coléoptères adultes se nourrissent quelques jours à partir de feuilles des pommiers puis ils se mettent en diapause (vie au ralenti) et hibernent jusqu’au printemps suivant.
Dégâts provoqués
L’essentiel des dégâts provient de l’action des larves. Les larves d’anthonome du pommier dévorant les organes de reproduction des fleurs, celles-ci ne peuvent se développer et donner des fruits. En cas de forte infestation, la récolte peut être compromise. D’autre part, l’arbre s’affaiblit car un certain nombre de bourgeons ne donneront pas de feuilles. Plus le débourrement est lent (températures printanières fraîches), plus le nombre de bourgeons pouvant être attaqués par les larves est important. En revanche, les années où la floraison est plus abondante (une année sur deux chez le pommier) et rapide, les dégâts des larves sont peu importants et correspondent même à un éclaircissage naturel. Les piqûres des adultes sur les fruits entraînent des nécroses en entonnoir qui dégradent leur aspect et induisent leur pourrissement futur après récolte.
Bon à savoir : la proximité de vergers abandonnés ou de bois peut favoriser la présence d’anthonomes adultes à qui ils fournissent un refuge pour la diapause.
Prévenir l’apparition de l’anthonome du pommier
Bon à savoir : les pommiers sans traitement phytosanitaire courent plus de risques d’héberger ce ravageur.
En cas de présence dans le voisinage, nettoyez (par brossage, jets d’eau, lame de couteau…) en hiver les troncs et les grosses branches de façon à éliminer les possibilités d’hivernage de ce coléoptère. Supprimez en particulier mousses ou lichens, vielles écorces, branches cassées… pouvant être présents. Vous pouvez également badigeonner les pommiers de chaux en hiver. Enfin, observez les premiers bourgeons au printemps de façon à pouvoir intervenir dès les premiers symptômes de présence. Les oiseaux étant des prédateurs naturels de l’anthonome du pommier, favorisez autant que faire se peut leur présence dans votre jardin ou verger en posant des nichoirs à mésange.
Diagnostic d’attaque d’anthonome du pommier
Vous pouvez suspecter une attaque d’anthonome si vous observez des bourgeons et des boutons floraux qui ne se sont pas ouverts, qui ont bruni puis se sont desséchés, prenant un aspect de tête de clou de girofle.
Vos soupçons seront confirmés si, en ouvrant un bouton, vous y trouvez à l’intérieur le charançon, une pette larve blanche à tête noire de 7 à 8 mm de long. Vous pouvez également, comme les professionnels, effectuer un « battage » de rameaux de branches que vous suspectez d’être attaquées avec un bâton, avoir placé une toile en dessous pour recueillir les insectes adultes qui s’y cacheraient. Cette méthode, qui a l’avantage de donner une estimation de l’importance de l’attaque, doit se pratiquer au stade B du bourgeonnement et aux heures chaudes de la journée.
Lutte Bio contre l’anthonome du pommier
En cas de faible présence, vous pouvez commencer par éliminer et brûler le maximum de bourgeons atteints (par une taille de mars, par exemple au moment du débourrement). La mise en place de colliers de glu sur les grosses branches ou un nouveau badigeonnage à la chaux peut également permettre de diminuer la population d’anthonomes adultes à l’époque du débourrement.
Autres méthodes de lutte
Si et seulement si vos pommiers ont subi une attaque importante l’année précédente, vous pouvez envisager de les traiter avec un insecticide polyvalent, mais uniquement en période de gonflement des bourgeons, de façon à détruire les coléoptères adultes.
À noter : il n’est plus nécessaire d’intervenir au dernier stade floral, car soit les femelles ne peuvent plus y pondre, soit l’ouverture des fleurs entraîne la mort des jeunes larves.
Deux insecticides sont homologués pour lutter contre l’anthonome (mais pas en agriculture biologique), l’acétamipride et la lambda-cyhalothrine, commercialisés sous diverses dénominations en jardinerie ou dans les rayons spécialisés des grandes surfaces.